Les dix enfants que Madame Ming n'a jamais eus.
Notre narrateur vient régulièrement en Chine pour affaires. Descendu au grand hôtel de Yunhaï, dans la province de Guangdong, il a pour stratégie d'interrompre souvent la négociation en s'éclipsant aux toilettes. Des toilettes sur lesquelles règne la fascinante Madame Ming, dame pipi. Une femme qui très vite l'intrigue. Comment ne pas être étonné en effet, qu'elle affirmât avoir dix enfants dans ce pays où règne la loi de l'enfant unique ? Si notre négociant a le sentiment d'être face à une affabulatrice, force lui est d'admettre à chacun de ses passages en ces lieux d'aisance, la fascination qu'exerce sur lui ladite femme, tandis qu'elle évoque avec sensibilité, amour et sagesse chacun de ses enfants. Madame Ming aime parler de ses dix enfants vivant dans divers lieux de l’immense Chine. Fabule-t-elle, au pays de l’enfant unique ? A-t-elle contourné la loi ? Aurait-elle sombré dans une folie douce ? Et si cette progéniture n’était pas imaginaire ? L’incroyable secret de Madame Ming rejoint celui de la Chine d’hier et d’aujourd’hui.
Mais comment pourrait-il lui reprocher de se réfugier dans l'imaginaire, de s'inventer des enfants aux métiers tous plus fabuleux, plus créatifs, plus ingénieux les uns que les autres, tant il sent sa frustration de maman, ses regrets silencieux de n'avoir pas pu assouvir son désir de maternité jusqu'au bout? Un écho puissant, d'autant plus puissant que Madame Ming s'exprime en des termes d'une infinie sagesse.
J’ai aimé : Eric-Emmanuel Schmitt nous offre encore ici un bonheur de lecture, dans une écriture limpide, constellée de maximes adaptées à chaque situation, qui arrivent toujours à brûle-pourpoint par la bouche de Madame Ming. Il réussit à nous faire partager la vie, les réflexions, les espoirs d'une femme.
Je n’ai pas aimé : ce roman se lit trop vite. On en voudrait encore tellement les mots sont justes, les expressions parfaites et le respect de l’un et de l’autre très honorable.
Ma note : 4/5
Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus Eric-Emmanuel Schmitt Albin Michel 114 pages 02/04/2012