Sorry
Berlin. Tamara, Frauke, Kris et Wolf se sont connus au lycée. Dix ans plus tard, ils ont l’idée de monter une agence, nommée Sorry, chargée de s'excuser à la place des autres. Le succès est immédiat, ils aident des hommes d'affaires qui estiment s'être mal comportés, un associé ou une entreprise à alléger leurs remords à l’égard de leurs victimes… Jusqu'au jour où un mystérieux assassin désireux de soulager sa conscience recourt aux services du quatuor. Ce sera le début d'une longue descente aux enfers. Pris au piège, les quatre amis n'auront d'autre solution que de découvrir au plus vite l'identité et les mobiles de ce tueur qui les manipule et semble parfaitement les connaître.
L'histoire est donc passionnante de bout en bout et si les codes du suspense sont totalement maîtrisés (frissons garantis), Zoran Dvrenkar fait surtout la différence en abordant des thématiques difficiles ou dérangeantes (la pédophilie, le pardon, la culpabilité, le châtiment...) à travers des personnages très attachants à la psychologie fouillée. Un roman tourmenté, intelligent et d'une grande originalité. "Sorry" se révèle un véritable coup de maître, une claque qui va résonner longtemps dans les oreilles des amateurs de suspense pur et dur. Déstructuré façon 'puzzle', le roman se compose d'une multitude de courts chapitres chacun dédiés à un personnage différent. Si certains sont clairement titrés par le prénom de protagonistes facilement identifiables, d'autres paraissent à priori plus nébuleux. Après, chose assez incroyable, on arrive à ressentir une sorte d'attachement au tueur ... Je ne vous dirais pas pourquoi ni comment, mais j'ai trouvé ça très perturbant, comme si on ne savait pas trop sur qui diriger son affection et sa pitié, à l'homme, ou au tueur ?
J’ai aimé : Si le but de l’auteur premier reste bien de nous faire tourner les pages et de nous communiquer une agréable frayeur consécutive, son intrigue ne pèche jamais par légèreté. On assiste à un chasser-croiser comme je n'en ai jamais vu, j'ai été bluffée de voir se faire et se défaire quantité de liens, de connexions, tout au long de ma lecture. Et je peux vous assurer que TOUT, chaque personnage, chaque narrateur, chaque point de vue, chaque histoire, tout est intéressant et tout simplement fascinant. J'ai adoré l'ombre qui plane sur l’identité du tueur du début à la fin. Malgré qu'il soit le narrateur assez fréquemment, on n'est jamais sûr de sa réelle identité. Est-il vraiment celui qu'il dit être ?
Je n’ai pas aimé :-J'ai été séduite par le résumé de quatrième de couverture et notamment par cette idée très originale d'agence d'excuse. Or, on s'aperçoit très rapidement que cette idée n'est pas du tout exploitée, au final le lecteur n'en saura pas grand-chose.
-Le rythme du livre est lent puis démarre réellement vers la page 100, pourquoi avoir attendu si longtemps?
- Le changement de la position du narrateur m’a perturbée pendant une grande partie du livre: le tutoiement pour se faire passer pour la conscience ou un observateur, la troisième personne du singulier pour le mode narratif, ou la première personne du singulier pour l'introspection et une vision subjective de la situation. Cela peut décontenancer au premier abord, mais une fois entré dans le processus, impossible de laisser tomber ce roman qui tient en haleine jusqu’à la dernière page
Ma note : 4.5/5
Sorry Zoran Drvenkar Sonatine 450 pages 17 mars 2011